Interdit de parole par un oukaze de la CGT

Interdit de parole par un oukaze de la CGT

Le Comité pour la Défense des Libertés Fondamentales (CDLF) de Rouen a eu l’excellente idée de prévoir un hommage à Jules Durand (1880-1926), le mercredi 16 février 2011, en organisant un rassemblement au Palais de Justice de Rouen et une conférence
à la Halle aux Toiles.
Le 31 janvier, un camarade du CDLF avait sollicité un syndicaliste libertaire du Havre pour intervenir lors de l’initiative précitée. Le camarade en question a écrit une brochure aux Éditions CNT-RP sur la machination dont a été victime Jules Durand et il a déjà effectué plusieurs interventions sur  » L’Affaire Durand « . Ce militant est Président du Groupe d’Études Sociales au Havre et est syndiqué à la CNT.
Puis à Rouen, s’est tenue une réunion du CDLF, le 8 février 2011.
Etaient présents à cette réunion: Alternative Libertaire, CGT-UD, CGT Précaires et privés d’emploi, CNT, Collectif des sans papiers (2), Émancipation, Europe Écologie/les Verts, FASE, FSU, Gauche Unitaire, MJCF, NPA, Solidaires, Syndicat de la Justice Administrative, Syndicat de la Magistrature.
Invités : RESF et un membre du Secours Catholique qui accompagne les sans papiers
Excusés : CFDT-SGEN, CREAL, SUD-Éducation
Pour cette initiative du 16 février, le déroulement initialement prévu était le suivant :
17H : Rassemblement devant le Palais de Justice. Trois prises de parole courtes voire quatre:
-Pourquoi le CDLF a appelé à une initiative à Rouen, après celle du Havre.
-Intervention d’un représentant de l’UD-CGT
-Intervention d’un représentant de la CNT.
-Une quatrième, si présence d’un descendant de Jules Durand.
Projets et initiatives :
– Collages et accrochages d’affichettes (imitation plaque de rue, sur fond bleu) rebaptisant la place  » Place Jules Durand « .
– Cortège par les voies piétonnes pour se rendre à la salle de la Halle aux toiles.
– 18H-20H: conférence avec des intervenants syndicaux de Rouen et du Havre dont le camarade du Groupe d’Études Sociales du Havre.
A cette réunion, personne n’a soulevé la moindre objection pour la participation de qui que ce soit.
Voilà pour planter le décor.
Jeudi 10 février, *coup de théâtre*, un article paru sur  » Le Post  » met le feu aux poudres. Ce journal (considéré comme libertaire par la CGT) retrace les diverses manifestations qui se sont déroulées notamment au Havre à propos de  » L’Affaire Durand  » et indique qu’il y aura une prise de parole d’un syndicaliste de la CNT du Havre.
Aussitôt, la CGT intervient auprès du CDLF lui intimant l’ordre de ne pas donner la parole au camarade de la CNT du Havre sous couvert de fallacieux arguments.
Le responsable du CDLF, *n’assumant pas le conflit avec la CGT*, s’exécute et demande au camarade de la CNT du Havre de ne plus participer à l’hommage à Jules Durand. Il est vrai que la CGT a proposé de se retirer de l’initiative si le CDLF maintenait la sollicitation première du camarade anarcho-syndicaliste havrais !
Cela pourrait être risible s’il ne s’agissait d’un *Comité de Défense des* *Libertés Fondamentales* ! La liberté d’expression a ses limites… !
Nous n’entrerons pas dans le fonctionnement du CDLF mais il apparaît plus que curieux qu’une seule organisation puisse imposer
son diktat aux autres qui se coucheraient sans rien dire au moindre grognement de chiens de garde du stalinisme.
Alors que les travailleurs subissent de plein fouet la crise économique et les régressions sociales, alors que les salariés plébiscitent l’unité la plus large possible des organisations syndicales, il apparaît que face aux attaques que subit le mouvement ouvrier, quelques sectaires sèment la désunion.
La CNT du Havre entend donc dénoncer *les oukazes* *de la CGT* étant entendu que nous faisons bien la part des choses entre les militants de base et la plupart des délégués syndicaux de cette organisation avec lesquels nous entretenons de bons rapports et le quarteron de néo-staliniens qui prend des décisions qui ne lui font pas honneur mais qui engagent la réputation de toute l’organisation.
Nous en profitons pour remercier l’UL CGT d’Harfleur qui avait signalé la parution de la brochure sur Durand aux Éditions de la CNT dans son bulletin.
Nous rappelons par ailleurs que Jules Durand était *anarchiste* dans une CGT qui était à l’époque syndicaliste révolutionnaire et où la plupart des dirigeants syndicaux au Havre étaient aussi des libertaires.
Nous aurions pu comprendre que la CGT refuse une intervention d’un militant anarcho-syndicaliste sur un problème d’actualité comme les retraites, où Bernard Thibault, le secrétaire confédéral de la CGT, n’a jamais appelé au retrait du projet de loi sur les retraites…, ce qui aurait occasionné une polémique mais le centenaire de  » L’Affaire Durand  » !
Nous prenons acte de la force de la CGT qui impose sa volonté aux autres et sa censure mais aussi de sa faiblesse, car finalement, les dirigeants de cette organisation ont toujours peur du formidable vecteur d’émancipation que représente l’anarcho-syndicalisme dans le monde du travail et cela redonne du baume au cœur à tous ceux qui militent et croient à un autre futur !

source : http://www.lelibertaire.org/

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