Éphéméride mars 2018
Le mois dernier dans notre rubrique l’Éphéméride nous avions évoqué la Fédération jurassienne qui à son congrès constitutif à Saint-Imier (1872) déclarait que « la destruction de tout pouvoir politique est le premier devoir du prolétariat ». « Mais malgré tout parmi les anti-autoritaires les partisans de l’unité d’action sont en majorité : il faut sauver l’Internationale, collaborer avec les Anglais et les Belges, les socialistes et les réformistes qui acceptent le dialogue, sans masquer le grand but final, l’émancipation de la classe ouvrière par la destruction de l’État et de la propriété » (Marianne Enckel la Fédération jurassienne). Paul Delesalle et d’autres encore (Élisée Reclus, Pelloutier, Pouget, Jean Grave, Tortelier, Malatesta…) à Londres en 1896 en virent la fin avec l’exclusion de fait des anarchistes dans les congrès socialistes (« la nécessité de l’action législative et parlementaire »).
Après, en France, il y a la CGT, les bourses du travail et … 1917 en Russie. Vite, les bolchéviques veulent rallier à leur cause le mouvement ouvrier européen. Léon Trotski avait séjourné à Paris au début du siècle et déjà déclaré que la révolution se ferait avec toutes les forces révolutionnaires donc anarchistes et marxistes. Il était persuadé (sic) qu’il fallait convaincre les syndicalistes révolutionnaires pour emporter le morceau. Donc, attirer aux positions des bolchéviques des camarades comme Pierre Monatte et s’emparer de plus.
Au sein de la CGT existaient en opposition à l’union sacrée les comités syndicalistes révolutionnaires. En 1921 a lieu le congrès de Tours avec la création du parti communiste français et en parallèle de la CGTU. Dès le début s’affrontent les tout nouveaux militants du PC et les libertaires.
Quelques dates :
– au début, le bureau est composé de libertaires, Paul Cadeau, Labrousse, Pierre Totti. Ils sont destitués en 1922 car il y avait la montée en puissance de l’internationale des syndicats rouges (ISR) qui « en gros » préconisait la prise en main de l’appareil syndical par le PC et ses satellites. Ainsi, c’est le secrétaire de l’ISR Alexandre Lovoski qui employa le premier le terme « anarchosyndicaliste » en tant que terme péjoratif.
– signe avant-coureur, en 1920 une délégation de la CGT (Lepetit-Bertho et Vergeat anarchistes) ne revient jamais d’un voyage à Moscou. Ils auraient dû revenir en train par Berlin pour rapporter au congrès parisien de l’UDCGT leur point de vue sur la révolution russe. On les a fait passer par la mer où ils ont disparu…
– à Moscou en 1921 c’est le congrès constitutif de l’ISR résumé en gros par « la dictature du Parti devrait être exercée sur les unions professionnelles ». La CNT Espagnole présente, est dubitative…
– du 16 au 18 juin 1922, conférence préliminaire des syndicalistes : FAUD (Allemagne), UST (Italie), CGTU (France), CNT (Espagne), SAC (Suède), NSF (Norvège), FORA (Argentine) et une minorité d’unions professionnelles russes.
– du 25 décembre 1922 au 2 janvier 1923, congrès constitutif de l’AIT (Argentine, Chili, Danemark, Allemagne, Comité de défense syndicaliste France-CGTU, Pays-Bas, Italie, Norvège, Portugal, Mexique, Suède, Espagne. « Le syndicalisme révolutionnaire est ennemi convaincu de tout monopoles économique et social et tend vers leur abolition au moyen de communes économiques et d’organes administratifs des ouvriers des champs et des usines sur la base d’un système libre de conseils affranchis de toute subordination à tout pouvoir ou parti politique » (Principes du syndicalisme révolutionnaire – point 2). Participaient Rudolf Rocker, Alexandre Shapiro, Augustin Souchy, Bernhard Lansink, Borghi, Jensen et Santillan.
– Pendant ce temps en France, 1922 Montmousseau (ex syndicaliste révolutionnaire) propose une motion pour l’adhésion à l’ISR. Pour 741 voix. La motion Présentée par Pierre Besnard contre cette adhésion recueille 406 voix.
– Un an après, au congrès de Bourges, il y aura pour l’adhésion à l’ISR 1114 et contre 220…
– 1924, dans les locaux de la CGT rue de la Grange-aux-Belles à Paris, lors d’un meeting du PC/CGTU, il y aura deux morts (Clos et Poncet).
– Après, Le Portugal de Salazar, l’Espagne de Franco, l’Allemagne d’Hitler…
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