Achaïra n° 199 : éphéméride de février : La Fédération jurassienne

La Fédération jurassienne, késako ?

Quand on prononce ce nom, qu’évoque-t-il en nous ? Les sports d’hiver, la pêche en rivière, la proximité avec la Savoie… ?

Pour commencer tout en entrant dans le vif du sujet nous allons citer in extenso la 4° de couverture de l’excellent livre de Marianne Enckell sur les origines de l’anarchisme en Suisse.

« Bakounine contre Marx ? Plutôt la naissance d’un mouvement autonome parmi les ouvriers horlogers du Jura, revendiquant leur identité face aux patrons et au gouvernement, refusant le centralisme et la bureaucratie dans l’organisation ouvrière.

« L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes », « prolétaires de tous les pays unissez-vous » : pendant une dizaine d’années, il y a cent cinquante ans, les ouvriers horlogers du vallon Saint-Imier et des Montagnes neuchâteloises se sont organisés, avec leurs compagnons d’Europe et des Amériques, pour que ces mots d’ordre de l’Association internationale des travailleurs deviennent réalité.

Cela n’a pas été sans mal, sans répression, sans divisions. Si l’Internationale est le creuset où s’élaborèrent les différentes formes du socialisme et du syndicalisme, la Fédération jurassienne donna naissance, avec ses alliés, au courant antiautoritaire et antiparlementaire, au syndicalisme révolutionnaire, à l’action directe, en bref au mouvement anarchiste. Voilà l’histoire que raconte ce petit livre, qui en est à sa troisième édition. »

Tout est dit ? Certes, non… Penchons-nous sur le début de l’Association internationale des travailleurs créée à Londres le 28 septembre 1864 au Saint-Martin’s Hall. L’AIT progresse rapidement malgré la répression, en Europe et aux Etats-Unis d’Amérique jusqu’en 1867. Peu à peu, deux camps se forment autour de Karl Marx et de Michel Bakounine. Du côté du dernier cité, il importait que les travailleurs eux-mêmes s’organisent sur leurs propres objectifs, tandis que Marx et ses partisans sont pour des partis politiques qui gèrent les problèmes de la société.

Après l’écrasement de la Commune de Paris en 1871, les affrontements (verbaux… ?) entre les deux tendances culminent. Pour exemples :

– Le courant de Bakounine : »toute participation de la classe ouvrière à la politique bourgeoise ne peut avoir d’autre résultat que la consolidation de l’ordre des choses existant »

– – le courant marxiste : « l’abstention politique est funeste pour notre œuvre commune ».

Et c’est en 1872 que Bakounine et James Guillaume sont exclus de l’AIT.

Le 15 février 1872, le premier numéro du bulletin de la Fédération jurassienne paraît. James Guillaume, Cafiero, Kropotkine, Schwitzguébel y collaborent… dans le bon sens du terme !

Bon, ce que l’on a appelé le Pacte de Saint-Imier, l’acte de naissance de la Fédération jurassienne est le 15 septembre 1872 lors du congrès extraordinaire convoqué après celui de l’AIT à La Haye. Italie, Espagne, France et deux sections américaines sont présentes, tous contre l’autoritarisme du conseil général de Londres.

Des lieux d’implantation ? Berne, Neuchâtel, Bâle, Vaud, Freiburg et Genève.

Elisée Reclus était à l’AIT, puis à la Fédération jurassienne. Reprenons un peu… Bakounine meurt en 1876 (Marx en 1883), la Fédération jurassienne ne survit pas à l’évolution de l’industrie horlogère et aux conflits internes. Elle périclite peu à peu.

En France, à la fin du XIX° siècle, la CGT, les bourses du travail se créent… Ensuite, entre la première guerre mondiale et la Révolution russe, le mouvement ouvrier poursuit son cours. 1921-1922, création de l’AIT à Berlin mais c’est une autre histoire !

Thierry

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