Achaïra n° 190 : Chronique du Dr G. : Anthropologie de la Guerre

Achaïra n° 190 : Chronique du Dr G. : Anthropologie de la Guerre

La Guerre et l’humain

« Depuis que l’homme écrit l’histoire depuis qu’il bataille à cœur joie, entre mille et une guerres notoires si j’étais tenu de faire un choix, à l’encontre du vieil Homère je déclarerai tout de suite, moi mon côlon celle que je préfère, c’est celle de quatorze dix-huit. »

J’aime le niveau d’exigence de Brassens : aller à la guerre, oui, mais pas n’importe laquelle ! Hélas pour nous tous, la guerre de 14-18 est bien finie et nous n’aurons pas l’honneur d’y participer, heureusement de nombreuses se déroulent actuellement ou bien se préparent, mais il y a fort à parier qu’elles soient bien en dessous de La Der’ des Der’.

C’est d’ailleurs assez marrant, ce concept de guerre, quand on y réfléchit. La guerre c’est un peu comme si des tas de gars et de filles qui ne sont pas concernés directement par le motif du conflit allaient joyeusement donner leurs vies pour le résoudre par la force, tandis que ceux qui ont motivé le pugilat n’ont à y participer directement et survivent tranquillement à l’arrière. Et quand on considère le nombre de victimes on se retrouve bien souvent perplexe.

Mais qu’est-ce qui motivent les masses à aller mourir à la guerre ?

Et puis je me suis souvenu que nous étions des primates qui portions la violence en nous, que nous avions des structures cognitives qui conditionnent la violence, que nous étions des prédateurs et en plus des chasseurs, et enfin que depuis l’aube de notre humanité nous utilisions des outils nommés « masse », « coup-de-poing » ou encore « casse-tête ».

Il semblerait donc que nous portons le germe de la guerre dans notre humanité, par conséquent bannir la guerre serait possible, mais au prix de la disparition de tous les humains.

Mais dans ce cas, pourquoi de nombreuses personnes n’ont pas tant que ça envie de faire la guerre (je me suis même laissé dire que des mouvements pacifistes organisaient des partouzes anti-guerre dans l’espoir que les flux d’énergies ainsi libérés apporteraient une solution positives à tous les combats dans le Monde) ?

Si notre espèce porte intrinsèquement la violence guerrière en elle, alors les anti-guerres devraient être une minorité invisible…

Mais merdre ! Ghandi, une minorité invisible, je ne parviens pas à l’avaler.

Soyons méthodiques dans notre recensement des conflits armés que notre espèce a connu et comme le général de la chanson, déroulons le fil de son immense histoire : « Les Dardanelles quand il n’était que colonel, nana nana nananana, et Ramsès II, la première guerre, quand sa mère était cantinière… »

Ça c’est une idée tiens !, de trouver quelle fut la première guerre, et surtout de voir si elle coïncide avec le début de l’humanité.

Je vous passe ce que vos livres d’Histoire pourront vous indiquer et me tourne plutôt vers la paléoanthropologie (qui est la science des zozos en tee-shirt qui boivent des bières en essuyant des ossements et que vous ne pouvez pas construire votre nouveau lotissement sans qu’ils aient fini leurs fouilles, dont ils mettent le produit dans des caisses).

Et bien les couilles folles…

Euh, les fouilles collent avec l’idée que l’humain aime bien guerroyer, parce qu’on recense de nombreux ossuaires, charniers et fosses communes attestant de violences guerrières, de tortures, d’assassinats de masse. Mais en fait seules des fouilles (promis j’arrête les contrepets), seules les fouilles disais-je de sites néolithiques montrent des traces de conflits armés. Autrement dit, on trouve des traces manifestes de guerre en remontant dans le temps jusqu’à – 12000/-14000 ans, puis après bernique !

On trouve bien ça et là des corps blessés, meurtris laissant supposer une violence à l’individu, mais à chaque fois les blessures sont uniques (l’agresseur ne s’est pas évertuer à tuer) et souvent elles sont cicatrisées suggérant plutôt des accidents de chasse (ou autre), avec une prise en charge des blessés par le collectif.

Encore mieux, loin des violences supposées, on trouve des ossements de gens qui ont vécus en étant dépendants (handicap physique ou mental). S’ils ont vécus c’est que le collectif les a pris en charge totalement tout au long de leurs existences.

Les travaux en Sociologie, Neurosciences et Paléoanthropologie désignent l’humain comme un animal naturellement empathique, et même que cette qualité fut un catalyseur de l’humanisation.

Mais que se passe-t-il alors il y a 12000 ans pour que l’humain entre en guerre ?

C’est la sédentarisation et la naissance de l’économie de production (auparavant l’humanité était dans une économie de prédation ne générant pas de surplus, tout en étant opulente) qui sont les ferments de la guerre. La production est possédée par un petit groupe qui en tire une autorité et des intérêts parfois conflictuels avec d’autres possédants. De surcroît la concentration de la main-d’œuvre pour les cultures permet également d’avoir la chair à canon sous la main (si vous me permettez cet anachronisme), cette main-d’œuvre pouvant même provenir de prises de guerre.

Et bien il semblerait plutôt que l’humain fit la guerre pour défendre les intérêts d’une classe dominante et non par barbarisme intrinsèque.

Alors camarade troufion, à la prochaine guerre tu serais assez avisé de ne pas tirer sur l’exploité d’en face et que si faire le coup de fusil te manque tant, tu pourrais choisir une cible qui le mérite plus.

Les ballons à la foire par exemple…

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