Ce lundi 3 février 2020, Achaïra, l’émission de pollinisation libertaire du Cercle libertaire Jean-Barrué, vous convie à une rencontre historique exceptionnelle.
Le 14 juillet 1927, trois anarchistes espagnols, Buenaventura Durruti, Francisco Ascaso et Gregorio Jover, (condamnés en France à de la prison, accusés de fomenter un attentat contre le roi d’Espagne lors d’une de ses visites en France), sont libérés sur décision du Président du Conseil, Raymond Poincaré. Ils se retrouveront chez Nestor Makhno, dans ce que nous appelons au cercle libertaire Jean-Barrué, une « conviviale », un repas entre camarades où l’on refait le monde, pour s’y sentir mieux en conformité avec nos profondes valeurs libertaires.
A l’occasion de ces échanges, Buenaventura Durruti, Francisco Ascaso, Gregorio Jover, Nestor Makhno, Galina Makhno, Louis Lecoin, Berthe Fabert, Emilienne Morin et Yacov, revivent la jeunesse de Makhno dans le cercle anarchiste de Gouliaï-Polié en Ukraine, puis celle de Durruti en Espagne. Leur expérience de la répression et de la prison, formatrice pour Makhno avec la lecture des théoriciens anarchistes, occasion d’évasions multiples pour Durruti. Ils échangent leurs réflexions sur la violence, la non-violence, l’opposition à la guerre défendue par Lecoin.
En quelques heures, ils vont balayer de nombreux thèmes de la pensée anarchiste :
– avec Louis Lecoin, l’antimilitarisme, le pacifisme, l’antipatriotisme, la grève de la faim – avec Sébastien Faure et Louis Lecoin, les campagnes pour la libération des trois anarchistes espagnols – La prison russe, école de formation militante, lectures, la rencontre Makhno/Archinov – Théoriciens/praticiens, terrain/même combat – Makhno = après la révolution de 1917 en Russie/Durruti = avant la révolution en Espagne 1936 – Soviets libres, communes libertaires en Ukraine – L’Education libertaire, avec Francisco Ferrer et les écoles rationalistes, avec Sébastien Faure et l’école expérimentale de la Ruche – « la propriété c’est le vol », l’autoéducation en Ukraine, le Mir, les terres communales, les « biens communs » – Le parallèle entre les arrestations de Makhno jeune et de Durruti jeune – « le communisme libertaire » (Makhno), « c’est notre idéal à tous ! » (Lecoin) – « seuls les anarchistes étaient prêt à payer le prix de la libération sociale » (Durruti) – Prison, évasion – CGT =, aide aux camarades = embauches chez P’tit Louis/Renault = Makhno/Durruti – L’instinct de survie dans la lutte de classe / les théories pour comprendre les mécanismes d’oppression de la société de classes = prise de conscience, émancipation – Répression, résistance, conscience – Les « Pistoleros » et « Los Justicieros » – Violence/Non-violence/Non à la guerre – Armes ou paroles / Légitime violence ? – « Même s’il m’était prouvé qu’en faisant la guerre, mon idéal avait des chances de prendre corps, je dirais quand même non à la guerre » (Lecoin) – Violence/Guerre | Non-violence/pacifisme – « J’ai toujours pensé qu’en étant une armée, nous nous éloignions de l’anarchisme » (Makhno) – Armée destructrice, non constructrice – « Violence, passage obligatoire pour balayer les immondices du capitalisme, avant de reconstruire » (Durruti, avant la colonne Durruti) – « La révolution par l’éducation » (Berthe Fabert) – L’argent, nerf de la guerre ? = arrêt de l’expérience éducative de la Ruche (Sébastien Faure) par manque d’argent ! – Ironie de Durruti : « expropriation des banques, mais c’est trop violent pour vous, non ! » – Expropriations / Redistribution des richesses
Mais nous restons sur notre faim, car il s’agit ici du premier tome de « Viva l’Anarchie ! » sous-titré « La rencontre de Makhno et Durruti », une BD de Bruno Loth pour le scénario et le dessin et de Corentin Loth pour les couleurs, parue en co-édition par LibreDImages Éditions et La Boite à Bulles. Le tome 2 nous promet de nous raconter l’aventure de la Makhnovtchina et bien plus.
Makhno et Durruti ont eu tous les deux à subir la répression des forces réactionnaires royalistes ou tsaristes, puis des communistes autoritaires, Lénine, Trotski et Staline.
Nous le verrons sans doute dans le deuxième tome.
Bruno Loth, nous a habitué à de belles fresques historiques, à commencer par l’histoire d’Ermo, ce jeune espagnol, qui nous conte la révolution espagnole au travers de son regard d’enfant, il raconte aussi l’histoire de son père, apprenti puis docker sur les quais de Bordeaux avec, sous l’occupation, la construction de la base sous-marine.
Toutes ces histoires et bien plus seront au menu de notre émission conviviale, Achaïra, pour sa 218ème émission.
En plus, Bruno Loth, a dédié son ouvrage à notre regretté camarade Alain Monclus, qui a porté l’idée de cette émission, l’a fait vivre avec intensité et délicatesse, et dont nous reprenons aujourd’hui encore le flambeau, quelques voix libertaires dans la nuit bordelaise et paroles anti-autoritaires rares, dans cet espace libéré du 90.1Mhz, la Clé des Ondes, sur les ondes radiophoniques dominées par la propagande macroniste et consumériste.
Oui, nous prétendons rêver un autre monde, ce qui veut dire le construire en envie, en devenir, en futur. Les révolutions du passé nous enseignent qu’elles ont été achevée les armes à la main, la gageure du XXIème siècle est bien de trouver comment renverser le vieux monde, encore moins qu’hier par les armes, tant les armes du pouvoir, des capitalistes, des dominants, des possédants sont incommensurables. Les « armes » des dépossédés sont d’un autre ordre, elles résident dans la construction d’un avenir désirable fait d’entraide, d’amitiés, d’ouverture à l’autre, de solidarités contre un monde étroit de petits propriétaires frileux, peureux de se voir voler leur misérable bien.
Reprenons l’exergue de « Viva l’Anarchie ! », cette parole prophétique de Mikhaïl Bakounine (1814-1876) :
« Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes et femmes sont également libres. La liberté d’autrui, loin d’être une limite ou la négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Ma liberté personnelle, ainsi confirmée par la liberté de tout le monde, s’étend à l’infini ».
Rendez-vous lundi 3 février à 20h jusqu’à 22h sur la Clé des Ondes, 90.1Mhz ou sur http://lacledesondes.fr
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