Éphéméride d’avril 2018
Bonsoir, chères auditrices et chers auditeurs, voici l’Éphéméride tant attendu ! Nous aurions pu vous parler ce soir des guillotines brûlées pendant la commune de Paris (6 avril 1871) aux cris de » à bas la peine de mort », ou de la république des conseils de Bavière (7 avril 1919 ), de Georges Cochon de la Fédération nationale des locataires qui manifestait à l’hôtel de ville de Paris (12 avril 1913) pour le droit au logement pour toutes et tous.
Ou encore des premiers numéros de l’Assiette au beurre (1901) ou du Réfractaire (1974) mais notre choix s’est porté sur un autre sujet ! Le mouvement social actuel en cause abondamment par voie électronique et traditionnelle.
En effet, en ce triste début du XXI° siècle la Sociale est en piteux état… Le dernier avatar étant le licenciement de Gaël Quirante, un syndicaliste à La Poste, « validé en force par Muriel Pénicaud » comme l’écrit l’ancien quotidien de la rue de Lorraine à Paris XIX°, où maintenant on cherche en vain les pages luttes… Vous aurez, je l’espère, deviné le nom du coupable!
De toute façon, vous allez nous dire qu’effectivement quand un inspecteur de travail refuse un licenciement, le patron peut faire un recours auprès du Ministère du Travail…
Nous (ceux et celles qui avaient battu le pavé en 1968…) avons connu le cas dans les années 1970, alors que la combativité ouvrière continuait à être très forte, notamment à l’établissement de la SEP à Bordeaux. Il y avait dans les ateliers une forte influence anarchosyndicaliste à travers la section CFDT, et plusieurs de ces militants animaient le groupe de Bordeaux de l’Alliance syndicaliste, coordination nationale anarchosyndicalistes de militants CGT, CFDT, FO autour du journal Solidarité ouvrière. Nos compagnons étaient dans le collimateur de la direction nationale de la CFDT car les positions anarchosyndicalistes étaient majoritaires dans plusieurs syndicats (Métaux, SGEN…) et donc à l’Union départementale de la Gironde.
Suite à une grève à la SEP, la direction licenciait alors Vladimir Charov, un de nos compagnons ouvriers métallo, élu du personnel. L’inspecteur du Travail refusait le licenciement mais, après le recours auprès du Ministre du Travail, celui-ci l’acceptait. Nous avons eu l’information qu’un contact avait été pris par le ministère avec la direction nationale de la CFDT, qui avait donné son feu vert…
Les conséquences pour Vladimir furent très dures, puisqu’aucun patron ne voulut ensuite l’embaucher dans son métier, vu son militantisme, et il dut avec difficulté se reconvertir dans le secteur social. Le syndicat des correcteurs CGT de Paris l’aida quelque temps à retrouver ses droits sociaux en le faisant travailler en presse parisienne.
En Gironde, comme dans d’autres régions et syndicats, la CFDT était bien décidée à faire le ménage contre les structures où l’anarchosyndicalisme était fort, puisqu’elle décida en décembre 1976 de dissoudre… suspendre l’UD de la Gironde par des méthodes que … Chacune, chacun pourra disserter à sa guise sur la stratégie patronale main dans la main avec le pouvoir politique. Sans oublier les compromissions des directions syndicales ayant pignon sur rue.
Dans le cas de Gaël, bien sûr, ce n’est pas du tout la même chose, et c’est le pouvoir actuel qui a pris seul cette décision politique contre la combativité de SUD-PTT. Il est inutile de constater qu’une fois de plus le résultat des urnes renforce l’ordre établi qu’il se réclame de la droite ou de la gauche… On espère un autre futur pour un monde nouveau !
Rectificatif de Michel Laville, un des 5 licenciés de la SEP Bordeaux en 1976 :
Je ne sais qui a rédigé le texte faisant allusion à des évènements passés à la SEP Bordeaux dans les années 1970, mais je tiens à dire qu’il n’est pas conforme à la réalité.
En effet, à la suite d’un conflit dû au licenciement d’un agent technique, la direction avait pris des sanctions, 15 derniers avertissements et 5 licenciements, dont 3 à l’encontre de salariés mandatés, Vladimir Charov, ouvrier, et Jean Lebrun et Michel Laville, tous deux cadres.
Dans un premier temps, après que le CE ait voté contre nos licenciements, l’inspecteur du travail refusait nos licenciements et le patron devait faire un recours hiérarchique au ministre du travail de l ‘époque, nous étions en Juillet 1976, il s’agissait de Christian Beullac.
Celui ci, de passage à Bordeaux, nous reçut à la préfecture en octobre 76, et résuma sa philosophie : “ Quand on est cadre, on ne fait pas grève”.
Après quoi à l’échéance des 4 mois de réflexion prévus par la loi, il accorda les licenciements de Lebrun et Laville, et maintint le refus pour celui de Charov. Le patron dut donc faire un recours au tribunal administratif, qui, dans son audience d’août 1977, accordait le licenciement de Charov et confirmait ceux de Lebrun et Laville. Ce n’est donc pas le ministre qui a autorisé le le licenciement de Charov.
Presque en même temps, un conflit surgissait entre l’UD CFDT de la gironde et la direction confédérale à propos de l’affaire des comités de soldats, conflit qui devait aboutir en décembre 1976 à la suspension de l’UD Gironde par la confédé.
Que la direction confédérale se soit bien accommodée du licenciement de Vladimir, c’est probable. De là à imaginer un accord entre le ministre et la confédération me semble relever du pur fantasme.
Étant un des derniers survivants de cette affaire, je tenais à rétablir la vérité.
Michel Laville
le 2 avril 2018 17h46
