Evento 2011 : un lapsus terrible !
Pour sa deuxième édition, Evento, la biennale d’Art contemporain de Bordeaux, s’est choisi un slogan : « L’art pour une ré-évolution urbaine ». Rien de moins et un maître d’œuvre Michelangelo Pistoletto, un « artiste contemporain prestigieux », soit un concepteur qui sait tenir le discours légitime apte à séduire les élus toujours soucieux de leur autopromotion et de leur image et, par conséquent, un petit futé qui sait efficacement drainer les deniers publics pour financer ses propres projets. Et Monsieur le Maire a effectivement consenti la modique somme de 2,7 M€ pour l’événement (sans que les contribuables sachent exactement à combien s’élève la rémunération de « l’artiste contemporain prestigieux »). Les esprits chagrins rapprocheront cette somme du budget total de la culture de la ville de Bordeaux…
Comme il s’agit avant tout de communication, les murs de la ville ont annoncé et accompagné l’événement à l’aide d’affiches conçues par un cabinet spécialisé et fort bien rémunéré également. Et la surprise que montre une des affiches les plus répandues ? Des enfants jouant sur l’esplanade devant la maison de la culture dela Citédu Grand Parc. La mise en forme de l’affiche masque opportunément les parpaings qui en murent l’entrée pour éviter les squatters. Car, laissé en déshérence, ce lieu culturel est fermé depuis des décennies faute d’investissement public pour le remettre aux normes et, à nouveau, au service des habitants de ce grand ensemble.
Il faut une bonne dose d’arrogance ou d’impudence pour oser faire la promotion d’un événement qui dure quelques jours et dont le budget permettrait de réhabiliterla Maisoncommune du Grand Parc en affichant, au sens propre, ainsi le mépris des pouvoirs publics pour la population de ce quartier qui attend en vain la réouverture de ce lieu dédié à la culture. Ce lapsus terrible dit aussi la dérive des politiques culturelles de bon nombre de collectivités territoriales qui n’ont plus d’autre contenu que la communication et qui ne prennent plus en charge véritablement la culture, soit la construction du lien social et l’élaboration du sens.
Mato-Topé
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