Une histoire populaire des États-Unis

 

« La mémoire des États n’est résolument pas la nôtre »

Achaïra, 11 mars 2010

Howard Zinn : Une histoire populaire des États-Unis, Agone, 2002, 814 p.

J’avais signalé, il y a quinze jours, deux courtes brochures de quelque vingt pages. Dans le même temps quasiment, il me faudrait traiter ici d’un livre de 800 pages. Soyez donc indulgents, et allez-y voir vous-mêmes !

Il s’agit donc d’une histoire populaire des États-Unis, de Howard Zinn qui annonce que : « La mémoire des États n’est résolument pas la nôtre ».

Il continue en disant :

« Je préfère tenter de dire l’histoire de la découverte de l’Amérique du point de vue des :

− Arawaks [qui ont été complètement exterminés] ;

− L’histoire de la Constitution, de la Déclaration de droits et de ce que l’on a nommé les amendements, du point de vue des esclaves noirs [Constitution écrite par des Blancs, hommes − riches −, en ignorant les femmes, les Noirs, les Indiens et les pauvres], [Pensez à la situation d’une femme pauvre, indienne ou noire] ;

− [L’histoire] d’Andrew Jackson [un traîneur de sabre qui devint président des États-Unis,] vue par les Cherokees [qui ont été également massacrés] ;

− La guerre de Sécession par les Irlandais de New York [catholiques, anciens soldats, ingouvernables pour les Blancs protestants en place] ;

− Celle contre le Mexique par les déserteurs de l’armée de Scott ;

− L’essor industriel à travers le regard d’une jeune femme des ateliers textiles de Lowell [À noter que la première grève connue des ouvrières du textile date de 1824, à Pawtucker et, en 1825, grève des femmes-tailleurs de New York ; il y eut même des grèves lancées par des enfants] ;

− La guerre hispano-américaine à travers [le regard] des Cubains ;

− La conquête des Philippines tel qu’en témoignent les soldats noirs de Lusón [qui étaient plus que maltraités] ;

− L’Âge d’or par les fermiers du Sud [miséreux] ;

− La Première Guerre mondiale par les socialistes et la suivante par les pacifistes [nombreux à aller en prison] ;

− Le New Deal par les Noirs de Harlem ;

− L’impérialisme américain de l’après-guerre par les péons d’Amérique latine, etc. ».

Il s’agit donc dans ce livre de luttes, de résistance à un complexe politico-militaro-industriel qui ne trouve que la guerre pour se maintenir au pouvoir : car quand un pays est en guerre on pense beaucoup moins à la lutte de classe à l’intérieur du pays. Et puis la guerre procure quelquefois de petits avantages au monde ouvrier si elle en donne de très gros aux capitalistes en place. Donc, il s’agit de la résistance des Indiens, des Noirs, des Asiatiques, des femmes et des pauvres en général.

Dans cette société, dite démocratique, où quelques personnes détenaient − et détiennent encore − d’immenses fortunes, bénéficiant d’une grande influence en contrôlant la terre, l’argent, la presse, l’Église et le système éducatif, comment, dès lors, par le seul vote aurait-il été possible de changer la donne ? Est-ce encore possible maintenant de cette façon ?

Dans la Déclaration d’indépendance, il est écrit que chacun a droit à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur. Notons que le dernier terme a été modifié par la suite : la « recherche du bonheur » est devenue « droit à la propriété ».

Impossible de résumer environ cinq cents ans d’histoire, mais je peux vous donner quelques aspects qui m’ont plus particulièrement touchés :

On connaît assez bien l’anéantissement des différentes tribus indiennes.

On connaît assez bien le long calvaire des esclaves noirs et la lutte plus récente pour les droits civiques.

On connaît un peu moins la lutte des femmes.

Au début des années 1900, il y a qu’un siècle, une femme syndicaliste dit : « On essayait d’apprendre par nous-mêmes ». Elles se réunissaient pour lire, pour lire par exemple le texte de Shelley le Mask of anarchy qui dit :

« Secouez vos chaînes […] Vous êtes une multitude et ils sont si peu. » Et je vous recommande le très bon bouquin d’Hélène Fleury intitulé la Mascarade de l’anarchy (Paris Méditerranée).

En 1909, à Spokane, il y eut un arrêté qui interdisait les rassemblements sur la voie publique, un membre des IWW monta sur une caisse pour prendre la parole : il fut arrêté ; un autre le remplaça, puis un autre ; bientôt 600 wobblies se retrouvèrent derrière les barreaux et après une dure détention la liberté de parole fut retrouvée.

En 1919, grève générale à Seattle : cent mille ouvriers paralysent la ville… et la gèrent dans le plus grand calme. « Ce qui les effraie le plus, écrit un ouvrier, c’est que rien ne se passe ! Ils s’attendent à des émeutes, tenant prêts mitrailleuses et soldats. » Le maire de la ville y voyait une tentative de révolution, d’autant plus dangereuse qu’elle était non violente.

C’est dans les années 1940 qu’un certain A. J. Muste commença à parler de non-violence révolutionnaire et de vouloir en finir avec le pacifisme sentimental.

En 1945, la revue de Dwight MacDonald, Politics, publie un article de Simone Weil qui écrivait que « l’ennemi capital reste l’appareil administratif, policier, militaire ». 

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