De Gaza à Mérignac : Trafic de drones israéliens
Cette émission est pour nous l’occasion de revenir sur 50 jours qui ont ensanglanté la Palestine, la bande de Gaza en particulier.
L’État qui a lancé cette opération l’a dénommée « Bordure protectrice » ! Le cynisme israélien est toujours aussi flamboyant !
Au final, entre le 8 juillet et le 27 août 2014, l’agression israélienne aura fait d’énormes dégâts, des crimes, des massacres envers les populations palestiniennes :
– 51 jours de bombardements intensifs sur Gaza
– plus de 5 000 raids aériens
– 2 168 Palestiniens tués, dont 519 enfants, 297 femmes, 506 combattants palestiniens, ainsi que 13 internationaux
– 10 895 Palestiniens blessés dont 3 306 enfants, 2 114 femmes
– 475 000 réfugiés déplacés, soit plus de 25% de la population
– prés de 55 000 habitations, des écoles (dont des écoles de l’UNRWA), des hôpitaux, des mosquées et des ambulances, détruits ou endommagés
– 373 000 enfants auront besoin de soutien psychologique
– une centrale électrique détruite
– 1,5 millions d’habitants sans accès à l’eau potable
– l’annonce « d’une catastrophe sanitaire de grande ampleur » selon les termes de l’ONU
Selon des estimations provisoires palestiniennes, la guerre a causé plus de 6 milliards de dollars de dégâts dans la bande de Gaza.
On mettra rapidement en regard (si l’on peut dire) les 72 israéliens tués dont 6 civils sur la même période, ainsi que 25 palestiniens accusés de collaboration exécutés sommairement par le Hamas, dont 2 femmes.
Revenons sur le contexte et les raisons invoquées pour cette opération. Côté israélien, on invoque l’enlèvement de 3 jeunes colons israéliens près d’Hébron en Cisjordanie le 13 juin 2014, et c’est l’enchainement. Une organisation dont on n’entendra plus jamais parler revendique l’enlèvement, « Etat islamique en Irak et au Levant – branche Palestine-Cisjordanie ». Dès le 14 juin, un bouclage d’Hébron et des alentours est imposé avec un millier de soldats israéliens, plusieurs centaines de Palestiniens sont arrêtés, dont de nombreux militants du Hamas en Cisjordanie, qui est accusé d’être responsable de l’enlèvement par le gouvernement israélien. Plus de 10 Palestiniens sont tués par l’armée en Cisjordanie dénoncés comme des « meurtres de sang-froid » par le président de l’Autorité Palestinienne et le 19 juin l’armée israélienne lance des raids aériens dans la bande de Gaza. Le 24 juin, le chef du Hamas affirme ne rien savoir sur les 3 jeunes colons enlevés. Le lendemain, c’est une douzaine de raids aériens israéliens sur la bande de Gaza, de nouvelles arrestations, de nouveaux tués palestiniens. Au 1er juillet, l’armée israélienne a arrêté 420 Palestiniens en Cisjordanie dont 305 membres du Hamas et fouillés 2 200 bâtiments. 5 Palestiniens ont été tués. En réaction, le Hamas envoie des roquettes sur Israël, plus de 200 au 20 juin, sans faire de victimes.
Le 2 juillet, le corps de Mohammad Abou Khdeir, 16 ans, kidnappé dans le quartier de Chouafat à Jérusalem-Est, est découvert. L’adolescent a été torturé et brulé vif. Le 5 juillet, les Palestiniens d’Israël manifestent.
Le 7 juillet des drones attaquent la bande de Gaza faisant 5 morts dont 2 civils. Durant la nuit, l’armée israélienne a lancé des dizaines de raids dans la bande de Gaza. Plusieurs enfants sont tués.
Le président palestinien demande l’arrêt immédiat de cette nouvelle offensive et demande l’intervention de la communauté internationale pour arrêter l’escalade de la violence. Le ministre de la Défense Moshé Yaalon indique poursuivre son offensive de telle façon que le Hamas paye un prix très élevé.
Avec la mobilisation de 18 000 réservistes supplémentaires, l’armée israélienne porte ses effectifs mobilisables à 65 000 soldats. Du côté palestinien, l’ensemble des groupes de résistance armée s’engage dans l’offensive avec les Brigades Izz al-Din al-Qassam, branche armée du Hamas, la Force de sécurité du Hamas, milice policière du Hamas, les Brigades d’Abou Ali Moustapha, branche armée du Front populaire de libération de la Palestine dans les territoires occupés, les Brigades al-Qods, aile armée du Jihad islamique palestinien, et enfin les brigades Al-Nasser Salah al-Deen, aile militaire du Comité de résistance populaire. Tous ceux-ci regroupent une estimation de plus de 27 000 combattants.
Mais, il existe une autre chronologie à ces évènements, sans remonter à 1948, mais seulement à mars 2014. L’année précédente, le nombre des colonies a doublé. Cela n’est pas acceptable et dans ces conditions, les négociations de paix ne peuvent continuer. Le président de l’Autorité Palestinienne menace de se tourner vers les institutions internationales si les propositions des États-Unis pour un accord-cadre ne répondent pas aux questions fondamentales que sont le gel de la colonisation israélienne et la libération des prisonniers politiques palestiniens. En réponse, le ministère de la Défense israélienne a approuvé les projets de construction de 2 269 nouveaux logements dans 6 colonies de Cisjordanie occupée. Entre juillet 2013, début des dernières négociations et le 16 mars 2014, ce sont 10 509 constructions de logements dans les colonies, toutes illégales, et l’assassinat de 56 Palestiniens par les Forces d’occupation israéliennes.
Une des clauses des négociations est la libération de plusieurs contingents de prisonniers palestiniens. Le 28 mars le gouvernement israélien revient sur son engagement de libérer un quatrième contingent de prisonniers palestiniens. En réaction, la direction palestinienne décide de relancer ses démarches pour adhérer aux différentes agences de l’ONU et aux traités internationaux dont la Quatrième Convention de Genève sur la protection des civils.
Le 8 avril, John Kerry, le secrétaire d’État américain, accuse Israël d’avoir entravé le processus de paix.
Le 10 avril, Israël gèle les transferts des taxes collectées pour le compte de l’Autorité nationale palestinienne, qui s’élèvent en moyenne à environ 80 millions d’euros par mois et représentent plus des deux tiers de ses recettes budgétaires propres.
Le 11 avril, la Palestine devient partie aux quatre Conventions de Genève et au premier Protocole additionnel.
Paris déclare « regretter » la décision de geler les transferts des taxes et l’Union Européenne demande à Israël de « revenir » sur ses mesures de rétorsions contre les Palestiniens.
Le 23 avril, les Palestiniens ont relancé leurs efforts de réconciliation nationale. Un gouvernement d’union nationale doit se mettre en place.
Cet accord inter-palestinien est salué par l’Union Européenne et la France se dit prête à travailler avec le nouveau gouvernement palestinien s’il soutient le processus de paix. Les Nations unies soutiennent l’unité palestinienne sur la base de la reconnaissance d’Israël et de la non-violence. Mais Israël suspend toute négociation.
Le 22 mai, l’Union européenne interdit l’importation de volailles et d’œufs des colonies en Cisjordanie occupée dont Jérusalem-Est.
L’administration Barak Obama a annoncé vouloir « travailler » avec le gouvernement d’union palestinien mis en place. Netanyahu se dit « trahi et trompé ».
Le 5 juin, c’est un nouvel appel d’offre pour la construction de 3 000 nouveaux logements en Cisjordanie occupée. Pour Saëb Erekat, ancien négociateur palestinien, « il est temps qu’Israël rende des comptes devant les organisations internationales de ses crimes de guerre, au premier rang desquels la colonisation ». Paris et l’Union européenne condamnent ce nouvel appel d’offres israélien. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon exhorte Israël à suspendre la colonisation et à respecter la loi internationale.
Le 8 juin 2014, Israël et l’Union Européenne signent un accord de coopération scientifique qui permet à Israël de participer au programme scientifique de l’UE « Horizon » 2020.
Le 10 juin, le Parlement israélien élit le président d’Israël, Reuven Rivlin. Il est opposé à la solution de deux États israélien et palestinien et se déclare partisan acharné de la colonisation.
3 jours plus tard, trois jeunes colons israéliens sont portés disparus …
On le voit, cette chronologie donne une toute autre lecture !
Les enjeux sont évidemment bien différents de part et d’autres.
Pour Israël, il s’agit de changer les positions internationales permises par l’accord pour un gouvernement d’union nationale palestinien, afin de pouvoir continuer la colonisation mais aussi de trouver des occasions de tester sa technologie et de nouvelles armes. Cependant au niveau intérieur, s’il y a eu un soutien de la population juive jusqu’à 95% pendant les bombardements, la cote de Netanyahu est en baisse. Reste à trouver une opposition en capacité à enrayer la dérive vers l’ultra-droite des politiques israéliens et d’une part de la population.
Pour les Palestiniens, il s’agit d’obtenir des négociations qui permettent la levée du blocus de Gaza, l’arrêt de la colonisation et la libération des prisonniers palestiniens. Pour le Hamas, et le Jihad Islamique dans une moindre mesure, rentrer dans le jeu des négociations, pour l’Autorité Palestinienne retrouver une entrée dans la bande de Gaza.
Le bilan humain aura été désastreux et ce n’est pas fini. Le bilan politique est mitigé car s’il y a bien eu levée partielle du blocus de Gaza, rien ne dit combien de temps, cette levée durera et dans quelle mesure de nouvelles négociations auront lieu comme prévues. Par contre pour Jérusalem-Est, pour la Cisjordanie et pour les prisonniers palestiniens détenus arbitrairement, aucunes améliorations n’ont été obtenues.
Les médias français ont constamment parlé de la guerre d’Israël contre le Hamas. Ce qualificatif est évidemment erroné, mais il est à l’image des capacités militaires et du nombre des victimes, il est asymétrique. Ne serait-ce que par les victimes. Mais l’objectif reste toujours de détruire, non le Hamas, mais le rêve d’un futur Etat palestinien. En mettant en avant la confrontation militaire, Israël écarte ceux qui n’y prennent pas part comme l’Autorité Palestinienne, en créant les conditions d’une reprise de conflictualité entre Autorité Palestinienne et Hamas. Ce serait à l’Autorité Palestinienne que serait confié le contrôle des frontières de Gaza, donc l’application du blocus, même négocié. Gageons qu’il y a là une source de conflits inter-palestiniens, à terme. Sauf si un hypothétique processus démocratique se met en place, redistribuant les responsabilités dans les territoires palestiniens. De toute façon, on l’a vu jusqu’à présent, pour Israël, il n’y a jamais d’interlocuteur valable pour les négociations de paix. Le Hamas est jugé terroriste, dans sa Charte (qui date de 1988) est écrit qu’il ne reconnait pas Israël. Elle se situe au même niveau que la Charte du Likoud, de 1999, qui appelle à la colonisation de tout Israël, Judée, Samarie et Gaza. Pour autant, l’un comme l’autre négocient avec l’autre, comme ce fut le cas en août en Egypte. De plus, le Hamas en se présentant aux élections palestiniennes, le 25 janvier 2006, l’a fait dans le cadre de l’Autorité Palestinienne, donc des accords d’Oslo, jusqu’à cette date dénoncés car négociés avec Israël. L’Autorité Palestinienne ou l’OLP sont eux aussi rejetés car ils menacent de recourir aux instances internationales pour faire respecter les accords internationaux. Au mieux, ils sont baladés dans des négociations sans fins, et les conditions ne sont jamais respectées par Israël.
On verra fin septembre, comment reprendrons les négociations du cessez-le-feu, suites du 26 août 2014.
Israël à la pointe du drone :
Nous vous disions que pour Israël, il s’agissait aussi de tester de nouvelles armes, l’actualité locale girondine nous amène à creuser cette question.
Du 9 au 11 septembre 2014 se tient à Mérignac sur la base militaire BA106, le 3ème UAV Show Europe. UAV, c’est pour dire « véhicule aérien sans homme ou déshumanisé », en américain. Ce salon des drones se fait en zone militaire, ce qui illustre bien la consanguinité originelle entre les drones civils vantés par les politiques locaux et les drones militaires, entre la haute technologie civile et la haute technologie militaire. Ces technologies ont été testées par les armées sur le terrain, testées sur le vivant peut-on même dire.
En effet, alors que plus de 2 000 palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza cet été 2014, c’est la société israélienne, IAI qui sera présente à ce salon des drones.
Palestine : le Laboratoire
Il faut se référer au film israélien The Lab pour voir comment ces technologies sont testées sur les palestiniens. The Lab est un film qui a suscité la polémique en Israël. En effet, dans ce film le réalisateur (Yotam Feldman) nous explique que l’axe militaro-industriel israélien a tout intérêt à ce que les choses s’enveniment sur le territoire voisin. De son propre aveu « Je pense que le principal produit que vendent les Israéliens, en particulier au cours de la dernière décennie, c’est l’expérience … le fait que les produits ont été testés : c’est la chose essentielle que les clients viennent acheter. Ils veulent le missile qui a été tiré dans la dernière opération à Gaza, ou le fusil utilisé lors du dernier raid en Cisjordanie » …
Un acteur clé du complexe militaro-industriel dit que les tests opérationnels effectués à Gaza sur le BMS d’Elbit lui a permis d’augmenter son prix de vente lors de la signature d’un contrat avec l’Australie un an plus tard …
Un vendeur de chez IAI (Industries Aérospatiales Israéliennes) dit que les assassinats et autres opérations à Gaza provoquent une croissance des ventes de l’entreprise de plusieurs dizaines de %.
« Cela rapporte des millions de dollars à Israël ! »
En juillet et août, on tue à Gaza, en septembre, retour sur investissement, on vend à Mérignac aux clients rassurés par cette efficacité, « garantie sur le vivant », « technologie testée sur les palestiniens », « nous vous avons montré comment les utiliser, à vous d’agir !! ».
Ce cynisme est inacceptable, nous ne pouvons nous taire et nous faire complice de ce marché de l’horreur.
L’offensive contre Gaza fait grimper les actions de Elbit
D’après Bloomsberg Business Week, le massacre de Palestiniens à Gaza a permis aux actions de Elbit d’atteindre leur niveau le plus élevé depuis 2010. C’est justement des drones Elbit que l’armée suisse veut acheter.
Civils sans militaires ?
Les élus locaux mettent en avant l’utilisation civile des drones, mais ils n’existeraient pas si les armées n’en avaient pas eu besoin, ne les avaient pas testés. Ce marché est à 90% militaire et à seulement 10% civil.
Le drone est l’arme du lâche !
Dans son livre, Théorie du drone, Grégoire Chamaillou nous parle de la tentative d’éradiquer toute réciprocité. Conçus pour des interventions en terrain hostile, lorsque les drones deviennent machine de guerre c’est l’ennemi qui est traité comme du matériau dangereux à éliminer de loin, depuis la zone sécurisée. On passe de la logique de la guerre à celle de la chasse, de la chasse à l’homme. Le drone est aussi l’arme du lâche : celle de ceux qui ne s’exposent jamais. Ainsi en envoyant ses roquettes jusqu’à Haïfa au nord d’Israël, les Palestiniens n’ont pas « joué le jeu » qui leur est imposé.
Les premiers drones israéliens ont été dévoilés au salon du Bourget en 1979, suites aux importantes pertes israéliennes de la guerre du Kippour. Ces drones font leur baptême du feu lors de la guerre du Liban en juin 1982. Ils sont conçus par IAI, sont appelés Scouts et ne sont utilisés dans ce premier temps que pour la reconnaissance aérienne photographique.
Les marchands vantent les avantages économiques :
– le coût humain (la formation évitée, le risque de capture écartée, …), les morts ne sont que du côté de l’agressé pas de l’agresseur détenteur des drones
– le dépassement des limites de la résistance humaine
Ce sont les drones qui ont précédé l’opération israélienne « Bordure protectrice » en tuant le lundi 7 juillet au matin, 5 palestiniens dont 3 combattants et en blessant deux civils.
« Fort d’une industrie de pointe et d’une armée prête à essayer tous les prototypes, l’Etat hébreu est devenu l’un des plus puissants marchands d’armes du monde ».
L’Israël est le cinquième vendeur d’armes du monde, représentant 7% du marché mondial, avec 7,5 milliards de dollars d’exportations en 2012, soit le double d’il y a 10 ans. L’Israël devance même les Etats-Unis dans les ventes mondiales des drones, et apparaît en pointe en Inde et dans les pays d’Amérique Latine. Ses quatre plus grosses sociétés (IAI, Elbit Systems, Rafael et IMT) réalisent 80% de leurs ventes à l’export, en particulier dans les pays musulmans comme la Turquie, l’Algérie ou le Pakistan.
Comment ce pays de 8 millions d’habitants, plus petit que la Normandie, s’est-il transformé en une telle machine de guerre ?
L’Israël est en opérations militaires quasi constantes et a su créer le contexte géopolitique idéal à son argumentation commerciale. « Le fait que nos produits, comme les radars ou les avions de surveillance, soient utilisés en grandeur nature par l’armée israélienne est un atout décisif » confirme Boaz Nathan, responsable marketing d’Elta, la filiale électronique d’IAI.
En Israël, le service militaire est une institution intouchable (3 ans pour les hommes, 2 pour les femmes), la défense c’est 5,7% du PIB, l’armée est le partenaire de l’industrie. « Ici, tout est fluide, Iron Dome a été développé en trois ans, assure Rafi Yoeli, d’Urban Aeronautics. Il aurait peut-être fallu dix ans dans un pays plus grand. » Cette capacité d’adaptation dan le domaine militaire a fait de l’Israël un précurseur de l’utilisation des drones, dix ans avant les Etats-Unis.
Les drones militaires israéliens ont été utilisés pour la première fois lors de la guerre du Liban, en 1982. Mais c’est la guerre du Golfe, en 1991, qui a fait décoller les ventes à l’international.
Via ses deux fabricants IAI et Elbit Systems, Israël a vendu pour quelque 4,6 milliards de dollars de drones tactiques ou stratégiques entre 2005 et 2012.
Les firmes américaines en ont vendu pour 2,9 milliards sur la période.
D’après l’armée israélienne, le nombre de missions assurées par des avions sans pilote devrait passer de 50 à 80 % dans les décennies à venir.
IAI développe la gamme la plus large du marché, du microdrone de 13 grammes capable d’entrer dans les bâtiments, au drone kamikaze Harop, qui peut tourner des heures pour identifier sa cible avant de fondre sur elle.
Les groupes israéliens se positionnent sur des matériels que les Etats-Unis ne proposent pas à l’export. La contrepartie, c’est le soutien financier massif de Washington, qui verse à l’Israël 3 milliards de dollars par an sous forme d’aides militaires, soit 25% du budget de défense du pays. Derrière la réussite de l’industrie militaire israélienne, le grand frère américain n’est jamais loin.
IAI joue à fond la carte de la miniaturisation, reste que la filière des drones israéliens lorgne sur un autre débouché à fort potentiel : le marché des applications civiles. Il est évident que l’on se tient prêt à effectuer des transferts de technologies (du militaire vers le civil) de façon à accompagner cette révolution. ». Même si la priorité du moment reste d’introduire le premier son drone ambulance (et ravitailleur) pour accompagner les guerres du futur…
Nos impôts financent l’industrie militaire israélienne
Le programme Horizon 2020 de l’UE, auquel Israël est le seul pays non européen autorisé à participer à part entière, pourrait permettre aux compagnies high-tech et aux instituts de recherche israéliens de récolter quelque 1,4 milliard d’euros d’aide européenne sur sept ans.
Vingt-trois parlementaires européens viennent d’envoyer une lettre à Catherine Ashton, pour réclamer la suspension de l’accord commercial entre l’Europe et l’Israël (ainsi que des nombreux privilèges qui vont avec), en soulignant que cet accord comprend un article (l’article N°2) sur le nécessaire respect des droits de l’Homme par l’ensemble des parties contractantes, qui n’est pas appliqué par Israël.
Vous trouverez une pétition européenne pour refuser de subventionner les drones israéliens sur le site de l’ONG anglo-saxonne, waronwant.org[*] .
Quand il pleut des drones
400 drones américains se seraient crashés accidentellement entre 2001 et 2013. Des drones de plus d’une tonne. « Défaillance technique », « court-circuit électrique », « problème de liaison », « erreur » de pilotage », voire « causes indéterminées » sont évoqués.
Que ce soit ce type de raisons ou le cynisme des militaires israéliens qui a permis de pilonner ces jeunes palestiniens qui jouaient sur la plage de Gaza, et tous les autres morts palestiniens, cette industrie de mort mérite notre boycott et le retrait du soutien français à ces entreprises israéliennes, en ne les invitant plus.
Le collectif girondin pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens[†] appelle à un rassemblement contre la présence des drones israéliens en France le mercredi 10 septembre 2014 à 16h devant l’église de BEUTRE, entrée de la Base Aérienne 106, au 227 Avenue de l’Argonne – 33700 Mérignac (en bus avec la ligne 30 – arrêt Oscar Auriac). Le Collectif Mégastop au Mégajoule [‡] appelle aussi au rassemblement en mettant l’accent sur les dimensions policières, de surveillance et de contrôle, il appelle par ailleurs à un Camp de la Paix les 27 et 28 septembre 2014 au Barp contre le Laser Mégajoule.
Quand on est révolté par cette situation qui dure, la tentation est forte de baisser les bras en pensant que cela risque durer encore longtemps et que nous, simple pékins, n’y pouvons pas grand-chose.
Pour le Salon, nous pouvons quand même manifester notre désaccord. Désaccord contre les crédits à ce marché apportés par les autorités locales, départementales, régionales, nationales et européennes. Désaccord avec les utilisations militaires et sécuritaires de cette technologie. Le 10 septembre à Beutre.
Mais, plus généralement, nous pouvons rejoindre la campagne BDS pour boycott-désinvestissement-sanction. Cette campagne mondiale initiée le 9 juillet 2005 par l’appel de la société civile palestinienne (associations ONG et syndicats) vise à donner la main à la société civile internationale au vu de l’échec des décisions internationales comme la condamnation du mur par la Cour Internationale de Justice. C’est aussi un moyen de soutenir plus particulièrement la résistance non-violente. Pour rappel, le boycott c’est le refus d’acheter les produits israéliens et en premier lieu ceux qui ne devraient pas être commercialisés comme les produits des colonies, le désinvestissement c’est la campagne vers le entreprises pour qu’elles arrêtent d’investir avec les entreprises israéliennes, les universités ou les institutions officielles, enfin les sanctions c’est la demande faites aux Etas et institutions internationales, le tout pour et jusqu’à ce que l’Etat d’Israël respecte le droit international. Nous reviendrons ultérieurement sur cette campagne et sur les produits à boycotter.
Philippe Arnaud
Cercle libertaire Jean-Barrué (FA33)[§]
et coordination BDS 33[**]
Le collectif girondin pour une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens revendique :
– Halte à l’agression israélienne
– Levée du blocus, illégal et criminel, de Gaza
– Libération de tous les prisonniers
– Sanctions immédiates contre Israël jusqu’au respect du droit international
– Soutien à la résistance du peuple palestinien
– Oui à la liberté d’expression, non à la criminalisation de la solidarité
– Embargo sur les produits militaires israéliens, la France doit cesser toute collaboration avec l’industrie militaire israélienne et donc renoncer à l’achat des drones de fabrication israélienne
– Désinvestissement de la coopération militaire avec Israël
– Dénonciation de l’accord Union Européenne–Israël face aux atteintes gravissimes aux droits de l’Homme allant jusqu’à des crimes de guerre et contre l’humanité
