Pour compléter votre réflexion, Pierre Stambul sera présent le 24 avril à Bordeaux à l’athénée libertaire 7 rue du muguet à partir de 18 H, pour une présentation de son dernier ouvrage « Israël-Palestine : du refus d’être complice à l’engagement » parue aux éditions Acratie, et une conférence-débat avec Pierre Stambul sur « le sionisme ». Cette rencontre sera organisée par le Cercle libertaire Jean-Barrué (FA33), l’Union Juive Française pour la Paix et la Librairie du Muguet. Plus de détails bientôt.
Honte à ceux qui font de l’antisémitisme leur fond de commerce !
Des officines zélées (CRIF, BNVCA* …) ont pris l’habitude de dégainer instantanément pour faire taire toute critique de la politique israélienne.
Une propagande bien rodée
Vous vous réclamez du droit international, vous revendiquez l’égalité des droits pour les Palestiniens ? Vous êtes antisémites.
Vous dénoncez l’occupation et la colonisation ? Vous êtes antisémites.
Vous n’acceptez pas l’expulsion du peuple palestinien de son propre pays en 1948-49 et vous êtes pour le droit au retour des réfugiés palestiniens ? Vous voulez « jeter les Juifs à la mer » et vous êtes antisémites.
Le tribunal Russell sur la Palestine utilise les mots justes pour qualifier ce qui est à l’œuvre : apartheid, sociocide … ? Ce tribunal est bien sûr antisémite.
Sur le modèle de ce qui s’est fait en Afrique du Sud, 172 associations de la société civile palestinienne lancent un appel mondial au BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) de l’État d’Israël ? Les Palestiniens veulent bien sûr « achever l’œuvre des Nazis ». D’ailleurs « Arafat était un nouvel Hitler ». Et ceux qui pratiquent le BDS sont des antisémites.
Des personnalités juives françaises critiquent publiquement la politique israélienne ? On les traîne dans la boue. On fait un procès à Edgar Morin qui fut un grand résistant. On récuse la judéité et les combats dans la résistance de Stéphane Hessel et on proclame qu’il fut « un maître à ne pas penser » (lire Prasquier, président du CRIF). On orchestre une campagne de diffamation contre Charles Enderlin accusé d’avoir « bidonné » un reportage sur l’assassinat de Mohamed al-Durah. Tous ces Juifs critiques sont des « traîtres ayant la haine de soi », voire des Juifs nazis.
Les Pays-Bas décident de demander l’étiquetage des produits des colonies ? Cette décision est qualifiée d’antisémite. Et le ministre de l’intérieur israélien déclare que les Pays-Bas n’ont pas correctement indemnisé les Juifs néerlandais victimes du nazisme. Bref, vous leur parlez colonialisme, droit international, égalité des droits et ils vous répondent Shoah.
Comprendre ce qu’est l’antisémitisme …
C’est le christianisme qui a inventé l’antijudaïsme à la fin de l’Empire Romain quand il est devenu religion d’État. Il y a eu l’accusation de déicide et de crimes rituels, les stéréotypes racistes (« les Juifs veulent dominer le monde »), les nombreux interdits professionnels (notamment à la possession de la terre), les expulsions et spoliations répétées, l’enfermement dans les juderias et les ghettos, puis les pogroms qui commencent dès la première croisade et connaîtront leur apogée en Espagne et en Ukraine.
Une réécriture de l’histoire est en marche, à la fois pour masquer l’antijudaïsme chrétien et pour prétendre que les Juifs ont vécu l’enfer dans le monde arabo-musulman. Les Juifs ont eu le statut de « dhimmi » (= « protégé ») auquel avaient droit les adeptes des « religions du livre » non musulmanes : chrétiens, zoroastriens, juifs … Ce n’était certes pas la citoyenneté (elle n’existait nulle part à l’époque). Il y a eu des moments difficiles, mais rien de comparable (avant l’apparition du sionisme) avec les massacres et discriminations incessants subits par les Juifs dans l’Europe chrétienne. Et d’ailleurs c’est au Maghreb ou dans l’empire Ottoman que la majorité des Juifs expulsés d’Espagne trouveront refuge et accueil.
L’émancipation des Juifs commence en Europe à la fin du XVIIIe siècle et c’est paradoxalement elle qui va provoquer la transformation de l’antijudaïsme chrétien en antisémitisme racial. En sortant du ghetto et en se laïcisant, les Juifs deviennent une minorité invisible et un obstacle au rêve fou d’États ethniquement purs. Le consensus antisémite parmi les dirigeants européens apparaît en Europe dans une période d’exacerbation de nationalismes niant les droits de « l’autre ». C’est pourtant sur ce terreau idéologique qu’est né le sionisme.
… qui n’a rien à voir avec l’antisionisme
Les Juifs ont été les parias de l’Europe, réputés être des « asiatiques inassimilables ». Balfour était Premier ministre anglais en 1905. Il prononce devant la Chambre des Communes un discours antisémite virulent considérant les Juifs polonais comme des agitateurs révolutionnaires et il interdit leur immigration en Angleterre. Plus tard en 1917, il envoie à Lord Rothschild (choix pas vraiment neutre) la fameuse déclaration Balfour promettant aux Juifs que la Palestine (où moins de 10% de la population est juive) deviendra un « Foyer National Juif ».
Il n’y a là aucune contradiction.
Pour Balfour comme pour la plupart des dirigeants européens, les Juifs considérés comme étrangers inassimilables en Europe, vont devenir naturellement des colons européens s’ils partent en Palestine. Le sionisme a sciemment choisi de jouer ce rôle. Il est passé de l’autre côté du miroir. Il a transformé, parfois à l’insu de leur plein gré, des victimes en colonisateurs racistes. Le sionisme a « blanchi » les Juifs. Il les a rendus acceptables par les antisémites.
L’antiracisme est universel
Face à l’antisémitisme et au génocide nazi, il faut dire : « que cela n’arrive plus jamais » ! C’est-à-dire qu’on doit examiner toutes les causes qui mènent à la haine raciste, au militarisme, à l’impérialisme, aux discriminations, à la folie meurtrière et que l’on combatte pour un monde meilleur. Les sionistes disent : « que cela ne NOUS arrive plus jamais ». Et cela veut dire exactement le contraire. Cela veut dire qu’au nom d’une persécution subie, tout est permis contre tout le monde : le vol, le crime, la haine. De telles idées sont porteuses de guerre sans fin. Une telle conception recopie jusqu’à la caricature ce qui a produit l’antisémitisme racial : une essentialisation des êtres humains en fonction de leur religion, de leur nationalité ou de leur identité supposée. Une affirmation que le « vivre ensemble » dans l’égalité des droits est impossible et qu’il faut donc se séparer et dominer ou expulser ceux qui apparaissent comme un obstacle au rêve fou d’un État juif ethniquement pur.
Le génocide nazi n’appartient pas aux sionistes.
Il ne reste que quelques dizaines des milliers de survivants du génocide en Israël et la plupart d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté avec des pensions misérables. Il est plus facile d’exploiter sans vergogne leur mémoire que de leur donner les moyens de vivre dignement.
Au moment de la fondation de l’État d’Israël, il y avait beaucoup de mépris à l’égard des victimes du génocide accusées d’être entrées dans les chambres à gaz sans se révolter alors que les Israéliens « transformaient le désert en jardin » pour reprendre un des mythes fondateurs. C’est plus tard avec la création du musée Yad Vashem** et le procès Eichmann que les dirigeants sionistes ont vu tout le profit qu’ils pouvaient tirer du martyr des Juifs européens.
Pourtant, s’il y a eu une résistance juive au nazisme (la MOI***, l’insurrection du ghetto de Varsovie …), les sionistes n’y ont joué qu’un rôle marginal. Pire, de nombreux dirigeants sionistes ont eu un comportement plus que coupable vis-à-vis du fascisme. Vladimir Jabotinsky, maître à penser des dirigeants israéliens actuels, était dans les années 1930 un admirateur de Mussolini et il s’est inspiré de ses méthodes expéditives. En 1933, quand Hitler arrive au pouvoir, malgré l’appel au boycott de l’Allemagne nazie des Juifs américains, Ben Gourion signe avec le régime hitlérien l’accord de Haavara pour obtenir le « transfert » des Juifs allemands vers la Palestine.
Un des groupes terroristes juifs opérant en Palestine, le Lehi (ou groupe Stern) assassinera des soldats britanniques jusqu’en 1943 (alors que des millions de Juifs européens ont déjà été exterminés et il essaiera de négocier avec le régime nazi. Plus tard, le dirigeant de ce groupe, Yitzhak Shamir, sera à plusieurs reprises Premier ministre d’Israël. Enfin, dans Eichmann à Jérusalem, Hannah Arendt affirme que, sans la collaboration des dirigeants des communautés juives d’Europe, une partie des 6 millions de morts aurait pu échapper à l’extermination. Un de ces dirigeants, Rudolf Kästner, négociera avec Eichmann à Jérusalem le sauvetage de 1600 Juifs hongrois. Il fournira en échange la liste de centaines de milliers de Juifs qui seront gazés à Auschwitz. Kästner était sioniste. Il sera assassiné en Israël en 1957 et son assassin acquitté.
La propagande sioniste utilise sans arrêt le cas du Mufti Amin al-Husseini. Ce dirigeant palestinien fut un authentique Nazi qui a recruté et dirigé des milices musulmanes venues des Balkans et engagées avec l’Allemagne hitlérienne. Mais utiliser son cas très isolé pour affirmer que les Palestiniens poursuivent le génocide nazi en taisant ce que fut la collaboration sioniste est assez indécent.
Il n’y a ni culpabilité occidentale, ni « judéophilie ».
Certains s’imaginent que la complicité occidentale avec la politique israélienne est le résultat d’un sentiment de culpabilité. C’est une erreur. Ce n’est pas parce qu’ils sont mal informés que les dirigeants occidentaux ferment les yeux devant les exactions incessantes commises par les dirigeants israéliens et leur accordent une impunité inconditionnelle. C’est parce que cet État surarmé, dépensant 60% de son budget dans l’armement et les technologies de pointe, c’est ce qu’ils désirent. Un Israël vivant en paix et sur un plan d’égalité avec ses voisins, acceptant d’être un pays du Proche-Orient et pas une pointe avancée de l’Occident dans la région ne les intéresse pas. Tenir le Proche-Orient pour l’Occident, c’est être allié à la fois à Israël et aux monarchies pétrolières du Golfe. Cette réalité stratégique est la principale explication de la complicité scandaleuse à laquelle on assiste.
De 1945 au début des années 50, des centaines de milliers de rescapés du génocide ont vécu dans des camps de « transit » essentiellement en Allemagne et en Autriche. Le Yiddishland avait disparu, ils demandaient de pouvoir émigrer vers l’Ouest. S’il y avait eu un « sentiment de culpabilité », on leur aurait dit : « vous avez été persécutés pendant des siècles, maintenant vous aurez l’égalité des droits ». Au contraire, on leur a dit : « maintenant vous avez un pays, vous partez quand vous voulez ». Et la majorité de ceux qui étaient dans ces camps (comme 40 ans plus tard les Juifs soviétiques) ont été envoyés, souvent contre leur gré, en Israël. L’Europe s’est débarrassée de son crime sur le dos du peuple palestinien qui n’avait aucune responsabilité dans l’antisémitisme. En même temps subsiste toujours cette idée raciste que le pays des Juifs , ce n’est pas ici, c’est Israël, bref qu’ils sont toujours des « étrangers » en Europe.
L’extrême droite
Pendant des décennies, tous les partis ou groupuscules d’extrême droite ont eu pour dénominateur commun l’antisémitisme et encore récemment les déclarations répétées de Jean-Marie Le Pen sur « le point de détail de l’histoire » attestaient la permanence du rôle « fédérateur » pour ces idéologies de l’antisémitisme.
La réalité a beaucoup évolué. L’islamophobie a largement remplacé l’antisémitisme comme destination de la haine ordinaire. Le « choc des civilisations » défini par Samuel Huntington et sa reprise sous forme de « guerre du bien contre le mal » par Georges Bush Junior ont clairement placé Israël dans le camp du « bien », le mal étant l’Islam, les Arabes, les bronzés, les terroristes … Le fait qu’en Europe, les Musulmans soient des post-colonisés discriminés et prolétarisés explique qu’ils sont depuis longtemps la cible principale de l’extrême droite. Le norvégien Breivik qui a commis un meurtre de masse pour « protester » contre l’islamisation de la société est l’exemple de la virulence de cette haine qui se développe dans les sociétés occidentales.
Les dirigeants de l’extrême droite européenne sont devenus de grands amis d’Israël. En décembre 2010, ils sont allés en Israël. Il y avait le flamand Dewinter, le néerlandais Wilders, le dirigeant du FPÖ autrichien Strache dont le parti abrite beaucoup de néo-nazis. Ils ont discuté avec leur partenaire Avigdor Lieberman de l’interdiction de l’Islam. Marine Le Pen rêve de pouvoir elle aussi être reçue officiellement à la Knesset et à Yad Vashem.
En Europe Orientale (Pays Baltes, Pologne …), les partis politiques antisémites qui sont parfois les descendants de ceux qui ont accompagné les Einsatzgruppen dans l’extermination des Juifs européens, sont tous pro-israéliens. Toujours le même phénomène. Les Juifs du Yiddishland étaient des « étrangers inassimilables » mais en Israël, ils deviennent des colons sympathiques.
D’autres antisémites jouent un rôle fondamental dans l’aide à Israël et surtout dans l’aide à la colonisation et à l’expropriation des Bédouins du Néguev de leurs terres : ce sont les « Chrétiens Sionistes » particulièrement puissants et nombreux aux États-Unis. Pour eux, les Juifs doivent revenir en Terre Sainte, expulser le mal (Armageddon), c’est-à-dire les Arabes puis se convertir à la « vraie foi » faute de quoi ils disparaîtront.
Ces divers antisémites sont devenus des partenaires même plus encombrants en Israël. Le CRIF ou le BNVCA ne critiquent jamais ce partenariat.
A quoi servent les antisémites ?
La question peut paraître provocatrice. Tous les racismes sont immoraux et criminels.
Les sionistes martèlent partout que juif = sioniste. Ils ne combattent pas l’antisémitisme. Ils l’instrumentalisent, ils l’utilisent, ils s’en servent comme carburant pour interdire à l’intérieur de la société juive israélienne ou des communautés juives organisées toute dissidence, tout doute, toute critique de la voie criminelle contre les Palestiniens et suicidaire pour les Juifs qui est en cours. Ils utilisent l’antisémitisme pour essayer de relancer l’Alyah, l’émigration juive vers Israël. L’antisémitisme alimente le « complexe de Massada », cette « certitude » inculquée aux Israéliens que les victimes ont été, sont et seront toujours les Juifs et que le suicide est préférable au compromis.
La politique israélienne provoque (volontairement) un antijudaïsme en plein essor et met en danger les Juifs. Face à cela, les « protestations » sionistes sont totalement inopérentes. On ne combat pas le racisme avec une idéologie raciste ou en défendant inconditionnellement un régime qui pratique l’apartheid.
Le combat le plus conséquent contre cette nouvel vague d’antisémitisme, c’est de faire comme l’UJFP. Manifester sous une banderole : « Juifs et Arabes ensemble pour la justice en Palestine », organiser des missions communes en Palestine avec nos partenaires arabes comme l’Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), montrer partout que, de même qu’il existe une minorité d’Israéliens anticolonialistes, il existe des Juifs qui défendent les droits du peuple palestinien.
Lutter contre l’antisémitisme, c’est expliquer inlassablement que cette guerre n’est ni raciale, ni religieuse, ni communautaire. Elle porte sur des questions essentielles : le refus du colonialisme et l’égalité des droits. Lutter contre l’antisémitisme, c’est refuser toute logique communautaire alors que les sionistes ont un comportement de plus en plus tribal.
Les antisémites existent toujours. Il y a une poignée de grands malades qui rivalisent dans la nostalgie du IIIème Reich ou dans la négation du génocide nazi. Mais il y a incontestablement, dans la grande variété des antisémites, des gens qui essaient de s’infiltrer dans le combat pour les droits des Palestiniens.
Fondamentalement, ces personnes pensent (comme les sionistes) que juif = sioniste. Pour eux, les causes du sociocide infligé aux Palestiniens viennent de la nature même des Juifs, de la Torah et du Talmud. Ils reprennent les stéréotypes sur les « Juifs maîtres du monde » contrôlant tout (le courant complotiste est bien représenté parmi eux). Ils pensent que Juifs sionistes et Juifs antisionistes sont les deux faces d’un même problème. Ils écrivent que là où la parole antisémite est brimée, la cause palestinienne est mal défendue alors que là où elle est libre, elle est bien défendue. Ils en déduisent donc que la parole antisémite doit être libre.
En dehors de l’aspect immoral (pour ne pas dire criminel) de telles idées, ELLES FONT TOTALEMENT LE JEU de ce qu’elles sont censées combattre. Elles confortent la névrose entretenue par les sionistes, l’idée que ceux qui critiquent Israël sont des antisémites qui « veulent jeter les Juifs à la mer ». Bref, si on pense qu’un des moyens de mettre fin à la colonisation et à l’apartheid, c’est aussi de « briser le front intérieur » en Israël ou dans la communauté juive organisée, les antisémites sont objectivement des complices du sionisme.
Combattre tous les racismes
L’antisémitisme est-il un racisme à part ? Il l’a été. Tous les racismes n’ont pas pour finalité l’extermination de la communauté humaine désignée à la haine. Mais aujourd’hui en France, le racisme frappe essentiellement les Noirs, les Arabes et les Roms. Les agressions et les discriminations qui les frappent sont beaucoup plus fréquents que les actes antisémites. Et donc l’antisémitisme n’est plus un racisme « à part ».
Il est significatif que toutes les associations religieuses ou communautaires ont exprimé leur désapprobation du comportement des autorités françaises à l’égard des Roms, des immigrés, des Sans Papiers à l’exception notable du CRIF et du Consistoire. Comment ces associations qui affirment que les Juifs français sont en danger et qui sont complices de la propagande israélienne pour les faire émigrer peuvent-elles être silencieuses devant la répétition de processus d’exclusion qui ont été expérimentés contre les Juifs et qui ont fini par aboutir après un changement de régime, aux horreurs de Vichy ? Comment peuvent-elles se rendre complices de l’islamophobie comme Roger Cukierman, ancien président du CRIF, qui estimait que la présence de Le Pen au second tour des présidentielles de 2002 était un message aux Musulmans leur indiquant de se tenir tranquille ? Ces associations sont en rupture complète avec de nombreuses figures du judaïsme qui ont toujours considéré qu’il fallait lutter contre tous les racismes.
Pire, ces associations cautionnent un racisme épouvantable qui est intrinsèque à la société israélienne.
Racisme contre les Palestiniens dans une société d’apartheid. Pour le rabbin Rosen, les Palestiniens sont des Amalécites et la Torah autorise qu’on les tue ainsi que leurs femmes, leurs enfants, leurs troupeaux. Pour le grand rabbin de Safed, Shmuel Eliyahou, la Halakha (loi traditionnelle judaïque) interdit de louer un logement à un « Arabe ». Il n’y a pas que les religieux qui versent dans le racisme à l’état brut : les Palestiniens sont régulièrement traités de « serpents » ou de « terroristes » par tous les politiciens.
Vis-à-vis des immigrés d’Afrique de l’Est qui arrivent à pied en traversant le Sinaï, Israël utilise les grands moyens : construction d’une barrière électrifiée entre Gaza et Eilat, d’un gigantesque centre de rétention à Beersheba, déclaration de Nétanyahou expliquant qu’on ne peut pas scolariser les enfants de ces immigrés car « cela atteindrait au caractère juif de l’État », manifestations à Tel-Aviv aux cris de « Israël est pour les Juifs, le Soudan pour les Soudanais ».
Mais il y a aussi le racisme à l’intérieur de la société juive israélienne. Racisme et discriminations contre les Juifs séfarades et orientaux. On les a appelés les « Schwartz » quand ils sont arrivés. On les a logés dans des régions inhospitalières (la frontière, le désert du Néguev). Dans les premières années d’Israël, on a expérimenté des irradiations mortelles sur des enfants de Juifs orientaux soupçonnés d’avoir la teigne, on a enlevé des bébés juifs yéménites qui ont été adoptés par des familles ashkénazes. Aujourd’hui on stérilise sans leur demander leur avis des femmes falashas (juives éthiopiennes).
Ne nous laissons pas intimider
Face à ceux qui instrumentalisent l’antisémitisme pour en faire une « arme de destruction massive » contre toute critique d’Israël, nous devons être cohérents.
Nous nous battons pour les droits du peuple palestinien au nom de valeurs universelles : le refus de l’occupation, de la colonisation, de l’apartheid. L’égalité des droits, le refus de tous les racismes, de toutes les discriminations.
Nous dénonçons aussi bien ceux qui mélangent volontairement antisémitisme et antisionisme que leurs complices. La présence régulière des représentants des plus hautes autorités de l’État ou des dirigeants de nombreux partis politiques aux dîners du CRIF constitue un soutien à la manipulation. La caution apportée par le Président de l’Assemblée Nationale à un « colloque » du BNVCA est un vrai scandale. Rendons à la lutte contre l’antisémitisme son efficacité et sa dignité.
Pierre Stambul
BNVCA* : Bureau Nationale de Vigilance Contre l’Antisémitisme. C’est une officine d’extrême droite créée par Sammy Ghozlan qui porte plainte systématiquement pour antisémitisme dès qu’on critique Israël.
Yad Vashem** : ce musée de la Shoah à été construit près de Jérusalem sur le territoire de Deir Yassin, village palestinien où les terroristes de l’Irgoun et du groupe Stern massacrèrent 200 villageois palestiniens en 1948. Comme si un génocide pouvait excuser un nettoyage ethnique.
MOI*** : Main-d’oeuvre immigrée, nom de la résistance communiste des immigrés vivant en France.
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