Chronique raisonnable n° 12 ou leçon d’autodéfense intellectuelle du jeudi 12 janvier 2012

12ème Leçon d’autodéfense intellectuelle Jeudi 12 janvier 2012

12ème chronique raisonnable, pour :

o     apprendre à soumettre à la critique les informations reçues, afin :
·        de prévenir les manipulations et
·        de démonter les croyances,
·        que chacun puisse faire sienne la pensée critique et
·        contrôler les peurs avec lesquelles les pouvoirs veulent nous manipuler.

Car « être libre, c’est ne plus avoir peur et être responsable de sa vie ».

Aujourd’hui, nous allons continuer ensemble l’étude des pièges d’un usage malicieux des mathématiques : afin d’apprendre à compter pour ne pas s’en laisser conter.

Lors de l’émission précédente nous avons exploré quelques pièges présentés dans ce chapitre sur les mathématiques, rappelez-vous !

Nous avons appris à ne pas nous laisser emporter par des données détachées de toutes références. Nous avons ensuite appris à se mettre d’accord sur la définition de ce dont on parle et à vérifier que cette définition ne change pas en cours de route.

Continuons donc ensemble à observer une dernière manifestation de l’innumérisme et son traitement.

Le problème étudié : « le patient semble incapable d’apprécier les pourcentages et les données calculées par habitant  ». La solution : « quelques exercices d’assouplissement ».

Prenons l’exemple de deux cités, Banlieue-Dodo et Port-qui-swingue. Ces deux cités ont connu toute deux 50 homicides l’an passé. Quelles questions devons—nous poser si nous avions à choisir de nous installer dans une de ces deux villes, et si nous souhaitons habiter la ville où se commettent le moins de crimes ?

Tout d’abord nous comparerons dans le temps comment a évolué ce nombre d’homicides. Ainsi nous apprendrions qu’il y a 5 ans, il y eut 42 meurtres à Port-qui-Swingue contre 29 à Banlieue-Dodo. Pour comparer, nous allons déterminer la progression de la criminalité en 5 ans en retirant ce dernier chiffre de l’actuel, 50 et en divisant par l’ancienne valeur puis en multipliant par 100 pour obtenir un pourcentage d’accroissement.

Nous obtenons ainsi pour Port-qui-Swingue : 19% (50 – 42 / 42 = 0,19 * 100 = 19%)

Et pour Banlieue-Dodo : 72% (50 – 29 / 29 = 0,72 * 100 = 72%)

Mais comme nous l’avons vu la dernière fois ces données sont des données semi-détachées (19% de quoi et 72% de quoi ?), il nous faut donc les compléter en répondant à cette question.

Il nous faut évidemment tenir compte de la population de chacune de nos deux villes.

Disons que Banlieue-Dodo compte 800 000 habitants contre 450 000 il y a cinq ans et que Port-qui-Swingue a 600 000 habitants contre 550 000 il y a cinq ans. On voit que les deux villes n’ont pas grossie au même rythme. Pour en tenir compte, il nous faudra calculer le taux d’homicides par habitants. Pour cela, on divise le nombre d’homicides par la population totale et on multiplie par 100 000 pour avoir le taux pour 100 000 habitants.

Ainsi, nous avons pour l’année passée :

A Banlieue-Dodo, 50 / 800 000 = 6,25 * 10-5 soit 6,25 pour 100 000 habitants (rappelez vous le chiffre de la puissance ou exposant de 10, c’est le nombre de zéros après le 1, donc 100 000 c’est 10 puissance 5)

Quant à Port-qui-Swingue, nous avons 50 / 600 000 = 8,33 * 10-5 soit 8,33 pour 100 000 habitants

Et il y a cinq ans, nous obtenions :

Pour Banlieue-Dodo : 29 / 450 000 = 6,44 pour 100 000 habitants

Pour Port-qui-Swingue : 42 / 550 000 = 7,64 pour 100 000 habitants

Ainsi, le premier calcul nous donnait une forte progression de 72% pour Banlieue-Dodo et une bien plus faible de 19% pour Port-qui-Swingue. En tenant compte de la population de référence, nous obtenons des données bien différente, Banlieue-Dodo passe d’un taux d’homicide de 6,44 pour 10 000 habitants à un taux de 6,25 cette année, soit une baisse de ce taux quand Port-qui-Swingue passe d’un taux de 7,64 homicides pour 100 000 habitants à un taux de 8,33 cette année, soit une hausse ! Un comportement qui nous amènerait à des conclusions juste inverses !

Lors de notre prochaine émission, nous aborderons l’usage des probabilités et des statistiques comme éléments de manipulation. Benjamin DISRAELI ne distinguait-il pas trois types de mensonges : les mensonges ordinaires, les sacrés mensonges et puis les statistiques ! Nous aborderons les jeux de hasard, leur impact sur les assurances, le calcul de notre espérance de vie. Ce sujet est suffisamment complexe pour nous tenir en haleine pendant prés de 10 leçons.

En bonus, nous vous inviterons à lire Propaganda l’ouvrage de Edward Bernays, le neveu de Freud. L’ouvrage est sous titré « Comment manipuler l’opinion en démocratie », ce qui justifie bien son introduction dans notre chronique, avec le fait que ce texte soit présenté par Normand Baillargeon, source de cette chronique, ainsi :

C’est «LE manuel classique de l’industrie des relations publiques », selon Noam Chomsky. Véritable petite guide pratique écrit en 1928 par le neveu américain de Sigmund Freud, ce livre expose cyniquement et sans détour les grands principes de la manipulation mentale de masse ou de ce que Bernays appelait la « fabrique du consentement ».

Comment imposer une nouvelle marque de lessive ? Comment faire élire un président ? Dans la logique des « démocraties de marché », ces questions se confondent.

Bernays assume pleinement ce constat : les choix des masses étant déterminants, ceux qui viendront à les influencer détiendront réellement le pouvoir. La démocratie moderne implique une nouvelle forme de gouvernement, invisible : la propagande. Loin d’en faire la critique, l’auteur se propose d’en perfectionner et d’en systématiser les techniques à partir des acquis de la psychanalyse.

Un document édifiant où l’on apprend que la propagande politique au XXe siècle n’est pas née dans les régimes totalitaires mais au cœur même de la démocratie libérale américaine.

Conscientes de l’importance de ce texte, les Editions Zones proposent de lire cet ouvrage en ligne sur leur site http://www.editions-zones.fr/spip.php?article21 . Il propose aussi quelques vidéos et interviews que je vous invite à lire, écouter et regarder.

Un dernier conseil : entrainez-vous fréquemment à jongler avec les pourcentages, cette habitude laissera moins de prise à l’émotion manipulatrice voulue.

Et retrouvez sur le site du cercle libertaire jean-barrué ( http://cerclelibertairejb33.free.fr ) nos chroniques en référence au « Petit cours d’autodéfense intellectuelle » de Normand Baillargeon.

Alors, à dans quinze jours.

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