Chronique raisonnable n° 10 ou leçon d’autodéfense intellectuelle du jeudi 15 décembre 2011

10ème Leçon d’autodéfense intellectuelle Jeudi 15 décembre 2011

 

10ème chronique raisonnable, pour :

o     apprendre à soumettre à la critique les informations reçues, afin :

·        de prévenir les manipulations et

·        de démonter les croyances,

·        que chacun puisse faire sienne la pensée critique et

·        contrôler les peurs avec lesquelles les pouvoirs veulent nous manipuler.

Car « être libre, c’est ne plus avoir peur et être responsable de sa vie ».

 

Aujourd’hui, nous allons continuer ensemble l’étude des pièges d’un usage malicieux des mathématiques : afin d’apprendre à compter pour ne pas s’en laisser conter.

 

Lors de l’émission précédente nous avons exploré quelques pièges présentés dans ce chapitre sur les mathématiques, rappelez-vous !

 

Nous avons appris à ne pas nous laisser impressionner par un gonflement des chiffres par suite de comptages multiples en limitant les sources du comptage, puis contre de prétendus « pétrifiantes coïncidences numériques », nous avons appris à vérifier les sources mais aussi nous nous sommes référer aux lois des grands nombres qui permettent que se répètent des situations, le manipulateur ayant à les sélectionner à loisir dans la masse d’informations existantes.

 

Continuons donc ainsi à observer deux manifestations courantes de l’innumérisme et leur traitement.

 

Le problème étudié : « une illusion de précision extrême ». La solution : « se rappeler comment cette prétendue précision a été atteinte ».

 

Les pays anglo-saxons ont pendant longtemps admis que la température du corps humain était à 98,6°F, puis cette valeur a été corrigée en compilant des millions de prises de températures, on a alors trouvé 98,2°F. Cette donnée est très précise et fiable, mais la première donnée était tout aussi précise mais visiblement peu fiable. Il est amusant de constater comment cette première valeur avait été obtenue. On avait déterminé de façon assez grossière la température normale du corps humain en degré Celsius avec une moyenne arrondie à 37°C. C’est cette mesure qui a été convertie en degré Fahrenheit à 98,6°F très précisément.

En définitive lorsque l’on travaille sur des données approximatives, des calculs très précis sont ridicules et la précision des résultats obtenue est illusoire.

 

Un autre exemple consiste à prendre la mesure de la longueur des chats d’une même maison en les mesurant du museau à la pointe de la queue. On obtiendra des résultats approximatifs. Disons que l’on a obtenu en centimètres : 98, 101, 87, 89, 76 et 76. Si on affirme que la moyenne de la longueur des chats de la maison est de 87,83333 centimètres, cela n »a aucun sens. Cette précision est illusoire et apporte une aura de rigueur et de scientificité qui est injustifiée.

 

 

Le deuxième problème étudié : « être victime de définitions arbitraires destinées à promouvoir une présentation intéressée d »une situation ». La solution : « se demander qui a compté et comment a été défini ce qui est compté ».

Voici un exercice de comptabilité qui va nous montrer qu »il est pertinent devant toutes données chiffrées de se demander qui les a produites, dans quel but et selon quelle méthode et quelle définition. Les données peuvent occulter une partie de la réalité. Il ne faut pas prendre les chiffres comme sacro-saints et au contraire il faut se rappeler que ces chiffres sont le résultat de choix et de décisions parfois arbitraires.

 

Commençons par cette blague qui a cours dans le milieu des comptables.

« Une firme veut embaucher un ou une comptable. On demande au premier candidat combien font deux et deux. Il répond : quatre. On fait entrer un deuxième candidat. Même question, même réponse. Puis un troisième candidat est amené. La question lui est posée, il se lève, ferme soigneusement les rideaux, et demande à voix basse :

         Combien voulez-vous que ça fasse ?

Il est embauché ! »

 

Prenons un exemple fictif en considérant les données financières annuelles des deux compagnies suivantes :

Compagnie A :

Salaire moyen des employées :                              22 000 €

Salaire moyen et profit des propriétaires :            260 000

 

Compagnie B :

Salaires moyens :                                                  28 065

Profits moyens des propriétaires :                          50 000

 

Pour laquelle de ces deux compagnies préfèreriez-vous travailler ? Et de laquelle voudriez-vous être le propriétaire ?

 

En fait votre réponse importe peu car il s’agit de la même compagnie.

Voyons comment cela est possible.

 

Partons de l’exemple où 3 personnes sont propriétaires d’une entreprise qui emploie 90 salariés. A la fin de l’année, les propriétaires ont payés aux salariés 1 980 000 en salaires. Les trois propriétaires ont pris chacun un salaire de 110 000 . On constate au terme de l’exercice qu’il reste 450 000 de profits, somme à partager entre les propriétaires de l’entreprise.

On peut donc dire que le salaire annuel moyen des salariés est de 1 980 000 divisé par 90 employés, soit 22 000 , tandis que le revenu des propriétaires s’obtient pour chacun des 3 en additionnant son salaire et la part des profits qu’il lui revient, soit 110 000 de salaire + (450 000 /3) de profits ce qui donne 110 000 + 150 000 = 260 000 .

Nous avons ici la présentation de la compagnie A ou la présentation A de la compagnie. Cette compagnie a un chiffre d’affaires excellent et cette présentation pourra être avantageuse dans les circonstances où l’on veut mettre en valeur les avantages des propriétaires.

 

Supposons que les propriétaires veulent faire ressortir le caractère humaniste et le sens de la justice qui anime les propriétaires de cette compagnie.

Les chiffres précédents semblent peu propices pour représenter cet état d’esprit. On peut alors prendre 300 000 sur les profits et répartir ce montant en bonus entre les trois propriétaires. Puis on calcule la moyenne des salaires en incluant cette fois ceux des trois propriétaires dans le calcul. On obtient alors un salaire moyen de : 1 980 000 du salaire des employés + 330 000 du salaire des propriétaires + 300 000 de bonus des propriétaires, soit 2 610 000 que l’on divise par les 90 salariés + les  3 propriétaires, soit 2 610 000 / 93 = 28 065 . Et les profits des propriétaires sont alors de 150 000 divisé par 3 (propriétaires) = 50 000 chacun.

Voici donc la présentation de la compagnie B ou la présentation B de la compagnie.

 

Cet exemple est simplifié à l’extrême mais tout comptable pourra vous confirmer que l’on peut faire bien mieux ou bien pire dans la réalité !

 

Nous continuerons à déjouer les pièges d’un usage abusif des mathématiques lors de notre prochaine émission.

 

Retrouvez sur le site du cercle libertaire jean-barrué (http://cerclelibertairejb33.free.fr ) toutes ces chroniques avec la référence au « Petit cours d’autodéfense intellectuelle » de Normand Baillargeon.

 

Lorsque vous entendez évoquer des données chiffrées, pensez toujours à voir si vous avez les connaissances pour évaluer, comparer et à ne pas vous laisser impressionner. Déjà, cette analyse laissera moins de place à l’émotion manipulatrice voulue.

 

Alors, à dans quinze jours.

SharePARTAGER
Ce contenu a été publié dans Achaïra, Leçon raisonnable de philaud. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

 

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.